Cet article est une retranscription de l\’épisode n°5 du podcast \ »Le Dos de la Cuillère\ » que tu peux écouter ici :
Introduction : Bonjour, bienvenue dans le dos de la cuillère. Je suis Magali, étudiante en diététique et je prévois de me spécialiser dans les alimentations végétales. Ce podcast a pour but de partager mes expériences, mes rencontres et mes réflexions sur la diététique et le véganisme. Je te souhaite une bonne écoute !
Petit préambule :
je n’ai pas encore eu le temps de changer mon générique d’intro parce que, je sais pas si ça s’entend mais je suis un peu malade et donc je n’ai pas pu respecter mon planning d’enregistrement … mais figure toi, que je ne suis plus “étudiante en diététique” ! Non, il y a quelques jours, j’ai obtenu mon diplôme de diététicienne-nutritionniste 🥳
Ce qui ne va pas changer dans le générique, c’est que je prévois toujours de me spécialiser dans les alimentations végétales. Et aussi, j’aimerai avoir une pratique de la diététique qui soit comportementale, inclusive, éducative, non grossophobe, etc. Pour cela, j’ai prévu de continuer à me former et donc, je ne commencerai les consultations qu’à partir de début ou courant 2024 !
Et justement, dans cet épisode, je vais te partager mes réflexions sur le métier de diététicienne et diététicien.
Je vais commencer par analyser les préjugés sur le métier de diététicien·ne, à partir de recherches internet pour le moins déconcertantes … Ensuite, on va parler vite fait des idées reçues qu’on retrouve parfois sur la personnalité des diététicien·ne·s … Enfin, j’évoquerai les groooooos apriori que j’avais moi-même sur ce métier et comment je l’envisage aujourd’hui …
Pour info, j’ai prévu de faire un épisode sur les préjugés qu’on retrouve souvent sur les vegans, qui risque d’être croustillant, mais pour aujourd’hui, je m’en tiendrai uniquement aux diététicien·ne·s … et y avait déjà de quoi faire !
Préjugés sur le métier de diététicien·ne·s :
On commence donc par les préjugés sur le métier de diététicien·ne·s ! J’ai tapé dans la recherche textuelle de google “diététicien” et “diététicienne” pour voir s’il y avait une différence entre le masculin et le féminin et les résultats sont assez semblables : on retrouve en première page, principalement, des descriptifs de la profession sous forme d’articles ou de vidéos . Et on trouve aussi les questions courantes que l’on peut se poser sur ce métier : quelles études, quel débouché, etc. Je remarque qu’il est bien fait mention (en général) du caractère paramédical et réglementé de la profession, ce qui est plutôt rassurant.
Ensuite, j’ai fait une recherche d’images sur ces 2 mêmes termes et c’était beauuuuucoup plus drôle instructif !
Dans les 2 cas, masculin ou féminin, on retrouve : des femmes (effectivement, en 2022, elles composaient 93% de la profession1), plutôt jeunes (environ 25 ans alors que l’âge moyen des diététicien·ne·s serait plutôt autour de 39-40 ans1), blanches (on repassera pour la représentation de la diversité), minces (je reviendrai dessus un peu plus loin), portant une blouse et aussi, souvent un stéthoscope … Alors, pour la blouse, en effet, ça arrive aux diététicien·ne·s qui travaillent en milieu thérapeutique ou en restauration collective de porter des blouses … en revanche, pour ce qui est du stéthoscope . Ben, je sais pas mais en tout cas, à titre personnel, je n’ai jamais vu de diététicien·ne·s en porter, ni même en utiliser.
On peut voir aussi sur ces photos des mètres rubans, tu sais, ces rubans en papier ou en plastique souvent utilisés en couture ou dans les magasins d’ameublement suédois et qui servent à mesurer donc, les parties de ton corps … ou les meubles ! Alors, là par contre, j’ai bien vu des diététicien·ne·s utiliser des mètres rubans mais c’était très rare et dans des contextes médicaux très précis.
Sur ces images, elles sont installées derrière un bureau. Ce qui est assez proche de la réalité. Même si, parfois, on peut être amené·e à animer des ateliers dans des établissements, dans des écoles ou lors d’événements, ou alors quand on est diététicien·ne en hôpital ou en ehpad, on fait pas mal de visites en chambre. Y a aussi les diététicien·ne·s de restauration collective qui peuvent se retrouver à gérer la chaîne de production et les plateaux en cuisine donc qui sont pas mal debout … mais le plus souvent, quand même, on fait des consultations sur un bureau, on y rédige des compte-rendus ou on y fait des recherches, bref, on travaille quand même beaucoup assises devant son ordinateur.
Mais par contre, j’aimerai bien savoir si il y a beaucoup de diététicien·ne·s qui font traîner sur leur bureau des kilos de fruits et légumes … nan mais vraiment, ça m’intrigue …
On m’en a jamais parlé pendant mes études et je l’ai jamais vu pendant mes stages … alors peut-être que je suis passée à côté de quelque chose d’important … mais franchement, va vérifier par toi-même : sur CHAQUE image google, on trouve une coupe de fruits quand c’est pas toute la surface du bureau qui est envahie de fruits et légumes, comme ça, gratos !
Alors perso, j’ai pu voir des affiches murales avec les fruits et légumes de saison, ou encore en photos ou des cartes de jeux pour mieux visualiser les variétés ou les portions quand on est en consultation avec les patients et patientes … mais quand même, j’ai plus souvent vu des gâteaux et du chocolat trainer sur les bureaux des diététicien·ne·s donc pourquoi ce mensonge, google ??!
Donc en résumé, si je me fie à ce qui est proposé par les banques d’images : entre la profusion de fruits et légumes, le mètre ruban et la blouse … a priori les diététicien·ne·s seraient des professionnel.le.s de santé qui aiment beaucoup les fruits et légumes … et la couture !
Préjugés sur la personnalité des diététicien·ne·s
maintenant, j’aimerai attaquer quelques préjugés qu’on retrouve parfois sur la personnalité des diététiciens et diététiciennes :
- jugent ce qu’on mange : alors, ça, c’est quelque chose que j’ai déjà pu constater alors que j’étais encore juste étudiante en diététique … par exemple, cet été, à la fête de mon village, une ancienne voisine me croise au bar et me dit que quand je serai diplômée, elle voudrait prendre rdv pour des consultations et elle me dit en me montrant son verre de ricard : “mais bon, là, pour ce soir, je sais que c’est pas très bien, hein, tu me grondes pas” … alors que bon, je suis physiquement incapable de gronder qui que ce soit … même pas mon chat !
- mangent toujours hyper équilibré : ça, je pense que c’est le plus gros mensonge de la terre : parce que moi, je les ai vu les diététicien·ne·s, et je peux te dire qu’ils/elles aiment manger, et la bonne bouffe en plus !
Alors, la plupart du temps, oui, c’est équilibré … mais comme tout le monde, pendant les périodes de stress ou de rush, ou n’importe quelle période de la vie un peu compliquée, ben ielles font comme ielles peuvent et ce n’est pas toujours parfaitement équilibré ! Et c’est ok !
- font du sport tout le temps : alors, il y a des diététicien·ne·s qui sont à fond de sport (et des sports plus ou moins intenses), d’autres pas du tout … le sport c’est un hobby génial, qui a plein de qualité, c’est vrai … mais il y a d’autres hobbys super comme le macramé ou … jouer du ukulélé !
- sont minces : là je vais te révéler un autre scoop difficile à croire mais les diététicien·ne·s sont comme tout le monde ! il y en a des minces et des gros.ses ! et comme tout le monde, leur morphologie peut varier et va dépendre de leur rythme de vie, de leur histoire personnelle, de leur santé, physique ou mentale, etc. mais pour moi, ce préjugé est peut-être plus important à relever que les autres parce qu’aujourd’hui en France, un corps mince est synonyme de bonne santé, et un corps non mince synonyme de mauvaise hygiène de vie, de manque de volonté, de mauvaise santé, la liste est longue … Or, j’ai l’impression qu’il existe une pression sur le corps des diététicien·ne·s à être mince. Notamment, pour être crédible professionnellement. Et pour avoir échangé avec quelques autres diététicien·ne·s sur ce sujet, beaucoup d’entre elles ont (ou ont eu dans le passé) un rapport compliqué à leur corps. A titre personnel, je suis en surpoids, je l’ai été pratiquement toute ma vie et même si mon poids fluctue régulièrement en fonction des événements positifs ou négatifs que je traverse dans la vie, ben, c’est ma morphologie … est-ce que cela remet en cause mes capacités à conseiller mes patientes et patients pour qu’ielles soient en bonne santé ? ben, je pense que beaucoup de personnes pensent que oui !
- le petit dernier pour la fin : Les diététicien·ne·s sont des personnes sévères, strictes et hautaines ! euh …
Mes propres préjugés :
En ce qui me concerne, avant de m’inscrire pour le BTS diététique, j’avais des a priori très négatifs sur les diététicien·ne·s … genre vraiment …
Il faut savoir que je suis née dans les années 80 et comme beaucoup de femmes de ma génération, le culte de la minceur était, comme aujourd’hui d’ailleurs, très présent.
Du coup, aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours trouvée grosse … mais je n’étais pas seule : c’était la même chose pour mes potes, les femmes de ma famille, plus tard mes collègues de boulot, etc. …
J’ouvre une petite parenthèse dans cet épisode : là, je suis en train de partager une expérience, un ressenti en tant que femme vivant dans une société grossophobe … mais je n’ai moi-même jamais été victime de grossophobie systémique, comme c’est malheureusement le cas de beaucoup de personnes grosses ou en situation d’obésité. Certes, je me suis pris des réflexions de mon entourage plus ou moins proche, plus ou moins bienveillant, qui transférait sur moi ses propres insécurités. Mais je ne me suis jamais faite insultée par des inconnu.e.s dans la rue ou sur internet à cause de mon poids, ni discriminée pour un emploi à cause de mon apparence, je n’ai jamais eu besoin de m’inquiéter de la taille des sièges de l’endroit où j’allais, ni eu besoin de payer plus cher un vêtement pour qu’il soit à ma taille, on ne m\’a jamais recommandé de perdre du poids quand je consultais pour une angine ou un mal de dos, etc.
Je ferme la parenthèse pour aujourd’hui mais je prévois de faire un épisode spécifiquement sur le sujet de la grossophobie parce que ça me tient beaucoup à cœur et je voudrais vraiment le traiter avec le plus d’approfondissements et de nuances possibles.
Quoiqu’il en soit, comme beauuuuucoup de mes potes, j’ai fait plein plein plein de régimes à la mode de l’époque
mais j’ai aussi été amenée à consulter des médecins nutritionnistes et des diététiciennes, en cabinet ou dans des centres minceur.
Je me rappelle notamment une fois (c’était il y a quelques années) : une personne que j’aime très fort commençait à faire de l’hypertension et son médecin lui avait indiqué qu’elle était en (je cite) “obésité morbide” … et ça lui avait -légitimement- fait très peur. Elle avait donc décidé, pour ne pas mourir, donc ! de faire un énième régime. Elle a consulté un diététicien que son médecin lui avait recommandé et celui-ci lui a prescrit un régime hypocalorique drastique avec la promesse que ça lui permettrait de perdre son surpoids et de retrouver une bonne santé. Le succès ou l’échec du régime dépendrait juste de sa capacité à respecter les consignes. Et effectivement, à force d’une volonté incroyable, elle a perdu énormément de poids. Et pourtant, il la pourrissait quand son poids stagnait ou ne descendait pas suffisamment vite entre chaque rdv … au point qu’elle essayait de ne pas boire ni manger avant son rdv, juste pour être la moins lourde possible quand il la pesait.
Je sais plus en quoi cela consistait exactement (probablement un régime très classique de l’époque à base de légumes verts, viande blanche et fromage blanc 0%) mais en tout cas, je la revois manger le soir pour seul plat une tranche de blanc de dinde dégraissé et un énorme saladier de laitue, assaisonnée avec une vinaigrette … tiens toi bien … à base d’’huile de paraffine !
bref, elle a perdu beaucoup de poids, donc … et en a repris encore plus. Résultat : sa santé physique ne s’est pas améliorée et sa santé mentale, n’en parlons pas … Perdre autant de poids, pour finalement revenir, voir dépasser son poids initial ? Je te laisse imaginer le sentiment d’échec, de dévalorisation et la mauvaise estime de soi qui va avec … et je ne te parle même pas des troubles des conduites alimentaires qu’une telle expérience peut entraîner.
Je te parle de cette histoire mais ça m’est arrivé à moi aussi, et ça arrive à plein plein plein de mes potes encore aujourd’hui : si c’est pas Dukan, c’est la chrono-nutrition ou le régime cétogène ou autre ! Et donc, pour moi, les diététicien·ne·s, c’était ça : des personnes qui te donnent des “règles alimentaires” à suivre, avec un petit twist original en fonction du régime pour pas te lasser et te faire croire que, celui-là, il est pas comme les autres, c’est sûr il va marcher.
Personnellement, il m’a fallu du temps pour sortir de cette course à la minceur … d’ailleurs, est-ce que j’en suis vraiment sortie ? et c’est pour ça que je ne juge absolument pas les personnes qui souhaitent perdre du poids ! Franchement, dans la société dans laquelle on vit, comment est-ce que ça pourrait en être autrement ?
Et donc, lorsque j’ai commencé à me renseigner sur les formations qu’il fallait suivre pour pouvoir juste accompagner et conseiller les gens sur l’alimentation végétale en France et que j\’ai vu que, pour ne pas être hors la loi, il fallait un bts diététique , j’étais DEGOUTEE … pas un bts nutrition ou bts alimentation, non bts “diététique” , mot qui était pour moi, comme beaucoup de personnes en fait, le synonyme de “faire perdre du poids, coûte que coûte”.
Bref, c’était ça ma vision de la diététique il y a encore tout juste 3 ans.
Aujourd’hui, elle est plus nuancée : certes, il y a toujours des diététicien·ne·s qui font leur business sur les régimes restrictifs et le dérèglement des sensations alimentaires de leurs patient.e.s mais depuis que j’ai mis mon nez dans ce secteur, j’ai rencontré d’autres styles de diététicien·ne·s, du genre que j’aurai aimé croisé il y a plusieurs années : des personnes bienveillantes, à l’écoute, qui sont sensibilisées aux TCA, à la grossophobie ou la charge mentale, qui sont spécialisées dans telle pathologie, ou telle population, qui se forment régulièrement pour ne pas rester sur leurs acquis et qui aiment beaucoup : leur métier, leurs patient.e.s … mais aussi manger !
Outro : c’est la fin de cet épisode. J\’espère que tu auras pris autant de plaisir à l\’écouter que moi à le produire ! N\’hésite pas à t\’abonner pour être averti·e de chaque nouvelle sortie et si tu le souhaites, tu peux laisser un avis sur ta plateforme d\’écoute préférée, ça m\’aidera beaucoup Si tu as des questions ou que tu souhaites échanger, tu peux aussi me retrouver sur Instagram sur ma page le.dos.de.la.cuillère.podcast. Et bien sûr, si tu penses que ce podcast pourrait aussi intéresser ton entourage, ne te retiens surtout pas de le partager et d’en parler autour de toi 😅 A bientôt !
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